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S’auto-valider
plutôt que de s’idéaliser
Nos plus grands freins résident dans l’incapacité à vivre réellement l’instant présent, sans le fuir par des mécaniques psychiques ou émotionnels, que nous croyons réels (auquel nous nous identifions) et insurmontables (auquel nous ne voulons pas vraiment faire face).
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Regardons de plus haut…
Vivre réellement l’instant présent se résume par vivre, point ! Considérer ce point de l’espace-temps comme le seul réel, vierge de toute mémoire, sans attachement ni répétition en boucle à partir d’une information qui crée en mon nom et à mon insu, car sans ma totale Présence à cet endroit-là. Comme si des parts de moi jonchaient le chemin car elles étaient trop lourdes pour monter dans le train : charge émotionnelle, charge mentale… !!! Décharge publique, je m’égare… et le train passe ! Rien est sérieux.
Vivre réellement, c’est jouir librement de ce qui est, en étant totalement lucide de ce qui est, c’est-à-dire selon moi, se porter témoin de son propre théâtre, .sans s’y impliquer émotionnellement (émotivité) .sans interférer ni projeter psychiquement (illusion). Le mental à sa place d’exécutant, et les émotions à leur place de vecteur d’informations.
Tout ce qui nous éloigne du réel retient ou détourne le flux naturel de la Vie, tout comme les méandres d’une rivière rallongent son périple. Pourrait-on dire : s’auto-valider, c’est aller droit au but ? Oui et non car le but n’est pas d’aller quelque part ! Le train passe et je m’en moque. C’est au contraire depuis notre centre, l’œil du cyclone, ce point exempt de vent au cœur de la tempête, que nous accédons à ce poste d’observateur neutre.
Depuis ce poste, il est possible voire nécessaire d’observer et comprendre que la pensée est une forme autonome à laquelle nous ne sommes pas obligé de faire adhérer notre système.
De même observer et accepter l’émotion comme une information qui traverse notre structure quelques soient les désagréments physiques temporaires que cela peut occasionner mais qui ne nous définit pas.
« Je suis triste » devient « j’observe l’état de tristesse dans lequel je me trouve »… : je fais le constat et je ne m’en tiens pas rigueur, ni ne porte aucun jugement sur cet état.
« Cette situation me met en colère » devient « j’observe les modifications internes (corps physique) qui peuvent être occasionnées par cette énergie que je nomme colère »… : je fais le constat et je ne l’alimente pas ni je la projette sur autrui en remettant la responsabilité à l’extérieur.
Cette nouvelle posture me permet d’accepter et de valider (auto-validation) ce qui est là, sans fuir vers un idéal qui collerait à l’image que j’ai de moi (s’idéaliser), ni conforter cette situation en référence à une autre situation du même genre.
S’auto-valider nécessite un grand respect de nos besoins les plus fondamentaux, ceux qui tiennent compte de notre individualité, plutôt que ceux qui répondent aux injonctions d’un système qui se nourrit de notre manque d’aplomb.
S’auto-valider passe par la douceur & l’affection que je me donne, la valeur propre que je m’accorde et la volonté de vivre et de jouir de ce corps.
Là où s’idéaliser consisterait à s’accrocher à une version illusoire de nous-même n’ayant aucune réalité, s’auto-valider consiste à s’accorder de jouir d’une nouvelle version de nous-même, réactualisée à chaque instant, déconstruisant la précédente sans morale.